Depuis la place Sainte-Claire, sur la gauche, la belle façade de l’hôtel Bagnorea
Situé en pleine vieille ville, le long de la place Sainte Claire et à l’angle côté est de place du même nom, l’hôtel Bagnorea ou hôtel Favre est un des premiers bâtiments d’Annecy à utiliser les codes de l’architecture de la Renaissance. Construit au 16ème siècle, l’édifice est inscrit en tant que monument historique depuis 1942 et sa belle façade à arcades dissimule aussi une cour intérieure.
En arrivant depuis la place Sainte-Claire, un magasin de mobilier occupe un bâtiment sur la gauche juste après l’angle au 18 rue Sainte-Claire. 4 grandes arcades de pierre blanche sont surmontées par un édifice de 2 étages. Le premier étage est réalisé en pierre et 8 grandes fenêtre sobrement décorées occupent tout l’espace de façon très géométrique. Au dessus, le dernier étage avant les toits est peint en rose et équipé de plus petites ouvertures. Il s’agit de la face visible de l’hôtel Bagnorea qui, contrairement aux autres constructions de la rue, semble plus léger et plus élégant alors qu’il est beaucoup plus long.
Dans la cour intérieur, portail avec fronton de l’hôtel Bagnorea. Derrière, l’escalier classé.
Sous les grandes arcades, un passage permet d’accéder à une cour intérieure de 230m2 qui bénéficie de l’éclairage naturel une bonne partie de la journée. N’hésitez pas à vous y aventurer pour jeter un œil. Sur un angle, malgré les façades décrépies, un très joli porche de pierre massive est surmonté d’un fronton. Une colonne sculptée est toujours présente sur la partie droite. À l’intérieur, l’escalier à des volées droites et des paliers carrés. Ne pas oublier de lever la tête pour voir la voûte. Cet escalier est tout à fait novateur à Annecy et dénote des traditionnels escaliers à vis qui étaient alors construits dans la région à cette époque. Même si ce n’est pas le plus impressionnant pour un œil non spécialiste, c’est bien cet escalier qui est inscrit aux monuments historiques.
La personne qui a fait édifier ce bâtiment vers 1570 est un enfant du pays : Gallois de Regard. En réutilisant la construction présente sur place, il transforma les lieux pour lui donner les traits typiques italiens du début de la Renaissance. Après avoir été au service de l’église et du Vatican, le natif de Clermont en Genevois aspire à retrouver le pays. Il ne revient pas les mains vides d’Italie : Évêque catholique de Bagnoregio (dans le Latium en Italie centrale), il revient aussi la tête pleine d’idées liées au grand renouveau architectural inspiré par la Renaissance. De là vient l’impression d’ordre et de légèreté qui émane de la façade : les moulures autour des fenêtres sont une première à Annecy et le quadrilatère que forme l’édifice avec sa cour intérieure est aussi d’inspiration italienne.
Le propriétaire des lieux décédera une quinzaine d’année après la construction de l’hôtel Bagnorea. Entre-temps, il aura eu le temps de faire ériger le château de Clermont. L’Académie Florimontane, société savante annécienne prend alors place dans le bâtiment sous l’impulsion d’Antoine Favre qui a racheté les lieux. Avec Saint-François de Sales, les lieux fourmillent alors d’idées et pendant plus de 10 ans, l’évêque le plus célèbre d’Annecy y habite. Claude Favre de Vaugelas, fils d’Antoine Favre, académicien et grammairien y vécut durant sa jeunesse.
Le bâtiment est connu sous deux noms : hôtel Bagnorea (d’après le titre de son constructeur) mais aussi en tant que hôtel Favre (du nom de son deuxième propriétaire).
Les lieux ne se visitent pas et l’hôtel est un hôtel particulier (pas possible d’y réserver une chambre) mais depuis la rue, il est possible d’admirer la façade et de rentrer dans la cour intérieure.
