Le Thiou est le déversoir du lac d’Annecy et la rivière autour de laquelle s’est construite Annecy depuis le moyen-âge. Aujourd’hui, le Thiou est l’objet d’une agréable balade ombragée qui permet de rejoindre la vieille ville depuis Cran-Gevrier.
Sommaire
Un peu de géographie et d’histoire
Cette rivière mesure à peine 3,6km entre le quai Napoléon III et le quai de la Tournette et l’endroit ou elle rejoint le Fier à Meythet. Le Fier devient ensuite un affluent du Rhône. Faisant maximum 20m de large, le Thiou reçoit aussi les eaux de l’Isernon après avoir traversé la vieille ville.
Avec un débit de 8m3/s en moyenne (de 0,6 à 45 suivant les conditions), le Thiou a été utilisé par le passé pour alimenter de nombreux ateliers jusqu’à ce que la technologie permette aux industries locales de se passer de la force des eaux.
Le Thiou, du lac d’Annecy au Fier
Le Thiou a deux bras principaux situés à la toute fin du lac d’Annecy, c’est à dire à l’entrée de la ville historique :
- Le bras principal est celui des cartes postales : depuis le port des bateaux de croisières, le Thiou franchit le pont de la Halle. Le Thiou est alors canalisé et franchit un premier mécanisme qui permet de moduler la hauteur d’eau du lac d’Annecy. Puis vient ensuite, le deuxième pont, celui ou tout le monde prend les photos des vieilles prisons. Le Thiou passe de chaque côté de l’édifice puis continue sa course.
- L’autre bras du Thiou est aussi fréquemment vu sur les cartes postales : c’est celui qui passe sous le pont des Amours et emprunte le charmant canal du Vassé bordé par le quai Jules Philippe avec ses barques amarrées sous les grands arbres. Les eaux s’engouffrent alors sous la terre pour ressortir quelques rues plus loin après avoir véhiculé en alternant passages souterrains et passages découverts.
Les 2 bras se rejoignent presque à la sortie de la vieille ville au niveau du quai des Cordeliers. Avant d’arriver jusque là, l’eau a parcouru 500m et passé au moins 5 ponts ou passages couverts et un ou deux autres mécanismes de régulation des eaux.
À partir de cet endroit, le Thiou change de profil et apparaît moins dompté par l’homme. L’impression se confirme, lorsque après avoir franchit le pont de l’Avenue du Rhône et l’île Saint-Joseph, la nature s’invite dans le paysage jusqu’aux récemment rénovés quartiers de Cran-Gevrier que sont Chorus et les Papeteries.
Impossible de suivre plus loin les bords du Thiou, les flots descendant en grondant à l’intérieur de l’usine des Forges toujours en activité. Depuis le pont de Tasset, situé entre Cran-Gevrier et Meythet, on aperçoit en amont à moins de 100m, le Thiou qui rejoint le Fier.
Le Thiou, la force de l’eau au service des industries locales
Avec une eau de bonne qualité, peu calcaire et dotée d’un courant suffisamment fort et constant, les eaux du Thiou ont très vite séduit les ateliers et industries d’Annecy. L’énergie hydraulique du Thiou sera utilisée jusqu’au 20ème siècle.
Historiquement, il y avait 3 canaux principaux :
- Le « grand Thiou » : au service de la population (eau, poisson) mais aussi au service de l’industrie ;
- Le canal du Vassé : les égouts de la ville étaient aussi un rempart naturel remplissant les douves ceinturant la ville d’alors ;
- Le canal Notre Dame (aujourd’hui disparu) qui servait à l’irrigation de jardins.
Depuis l’époque romaine avec les artisans allobroges et le moyen-âge, les moulins, imprimeries, scieries et forges utilisent la puissance des eaux du Thiou pour faire fonctionner leurs machines. Plus tard, à partir de la révolution française et avec le développement mécanique lié à la révolution industrielle, ce sont des imprimeries et des papeteries – dont la célèbre papeterie Aussedat – qui utiliseront à leur tour l’eau du Thiou.
Les abords du Thiou étaient alors industrieux et les roues à aube plongeaient dans les flots tout au long du parcours jusqu’au confluent avec le Fier.
Les vannes du Thiou
Après le rattachement de la Savoie à la France, l’ingénieur Sadi Carnot fut chargé de contrôler les eaux du Thiou : il redessina les canaux et mit en place un ingénieux système de vanne en 1874. L’ensemble du système comporte 3 vannes principales. Elles permettent de réguler le niveau du lac et d’assurer un débit constant.
- La vanne la plus visible se situe non loin des vieilles prisons : les badauds s’amusent à voir les canards et les cygnes la traverser.
- C’est au niveau du pont de la Halle qu’est mesurée la cote du lac : elle oscille aux alentours de 70cm mais peut varier de plusieurs dizaines de centimètres en fonction des conditions météorologiques.
Jusqu’à Cran-Gevrier, la domestication du Thiou dans un but de production d’énergie est évidente : forges de Cran, papeteries, île aux vannes, cercle de l’Eau et turbines apparentes… la mémoire industrielle du Thiou est visible partout.
Anecdotes autour du Thiou
Régulièrement, le Thiou est mis à sec pour maintenance des infrastructures de la vieille ville. Pas de chance si vous venez à Annecy à ce moment : les fonds bétonnés et les grosses plaques d’égouts qui parsèment le lit du Thiou dans la vieille ville détonnent carrément avec la vision de carte postale. Mais peut-être qu’en revenant 1 ou 2 jours plus tard, l’eau sera revenue…
En vieille ville, on voit parfois des maisons dont les portes donnent directement sur le Thiou. En effet, les quais qui bordent le Thiou sont – relativement – récents : auparavant, ils n’existaient pas et de petits quais privés avec boucles d’amarrage permettaient de naviguer et de rentrer chez soi.
Depuis 1988, il est interdit de se baigner ou ne naviguer sur le Thiou pour des raisons de sécurité (les ouvertures / fermetures des vannes pour la régulation des eaux peuvent entraîner courant et variations subites du niveau d’eau) et de santé publique (l’affluent l’Isernon est pollué).
Balade le long du Thiou
De Cran-Gevrier jusqu’à Annecy, il est possible de suivre les bords du Thiou. La balade est agréable et non monotone. Certains passages sont moins pittoresques (par exemple au niveau du Pont Neuf avec le passage dans les faubourgs de la ville avec franchissement des voies de transport) mais dans l’ensemble, c’est une balade plaisante et qui a le mérite d’être ombragée dans sa majeure partie. Plate et accessible à tous (poussettes, fauteuils), la balade peut se faire par portion. L’accès à l’eau n’est pas possible mais plusieurs passerelles et ponts rendent le parcours varié et plaisant.