Pont de la Caille

Le pont de la Caille est un monument historique spectaculaire enjambant les Usses entre le nord d’Annecy et le village de Cruseilles. Datant du milieu du 19ème siècle, c’est un des sites incontournables du département. Aujourd’hui piéton, il est doublé par 2 ponts plus récents situés à quelques centaines de mètres. En contrebas, désormais oubliées, se trouvent les restes d’une station thermale autrefois prisée par les touristes. À ce jour, il s’agit d’un des 10 plus hauts ponts suspendus au monde réservés aux piétons.

Un pont monument historique

Sur la route allant d’Annecy à Genève, juste avant le village de Cruseilles, le visiteur doit emprunter la route traversant le bourg d’Allonzier-la-Caille. Juste après, de profondes gorges creusées par l’impétueux torrent des Usses bloquent le passage et imposent de faire un important détour ou d’emprunter un des vertigineux ponts passant à presque 150m au dessus des flots.

Historiquement, pour traverser les Usses, il fallait descendre jusqu’au fond des gorges et emprunter l’ancien pont romain. Pour passer de l’Italie à la Suisse, c’était un des chemins les plus empruntés. Cette voie permettait aussi de commercer entre Annecy et Genève.

En 1837, le projet de construire un nouveau pont est validé. Le contexte économique pousse en ce sens et les rivalités religieuses sont suffisamment apaisées pour permettre le projet. Les travaux commencent moins d’un an plus tard et c’est en 1839 que le pont suspendu Charles-Albert est finalisé. Il permet alors de gagner plus d’une heure de trajet. Commandé par le duc de Savoie du même nom, il a été construit par les ingénieurs et constructeurs Lehaître, Berthier et Belin. Sa réalisation est alors un exploit technique.

De chaque côté du pont, 2 tours crénelées font passer 24 grands câbles de suspension solidement accrochés à 9m de profondeur dans la roche en retrait. Légèrement bombé, le pont dont le madrier est fait de 133 poutrelles métalliques et de bois est bordé par de hautes rambardes. Il mesure 192m de long et chacune des piles de 20m fait fortement penser à des entrées de château fort.

Le pont Charles-Albert est protégé au titre des monuments historiques depuis 1966 et est en bon état. Les câbles ont été changés plusieurs fois notamment pour atténuer le problème d’oscillation bien connu de ce type de ponts. Pour preuve en 1861, le tablier a été soulevé jusqu’aux tours lors d’un épisode météo particulièrement violent. Ce n’est plus possible aujourd’hui avec les solutions techniques empêchant le contreventement mises en place. Plusieurs restaurations ont récemment été effectuées et l’ensemble du site a été mis en valeur.

Dans le coin, ce pont est tristement célèbre car de nombreux désespérés le choisissent pour mettre fin à leurs jours. La chute est toujours fatale.

Le pont de la Caille ou les ponts de la Caille ?

Il y a plusieurs ponts qui franchissent les Usses à cet endroit.

• Le premier et le plus ancien est le pont romain. Il se trouvait au fond des gorges et permettait de relier le genevois au lac d’Annecy.
• Le deuxième est le pont Charles-Albert, celui que tout le monde nomme pont de la Caille.
• Le troisième est le pont Caquot ou pont neuf. Il date des années 1920 et se trouve à proximité immédiate du pont Charles-Albert. Seulement une cinquantaine de mètres séparent les 2 ponts. Le pont Caquot est situé en amont sur la rivière et a beaucoup moins de charme que son aîné. Destiné à supporter le poids de trains, il a été réalisé en béton et a été pendant longtemps une des plus grandes voûtes du monde. Finalement, le train ne circula pas sur ce pont et c’est aujourd’hui le pont qu’empruntent les voitures et les camions.
• Le dernier pont est le plus récent : il s’agit du pont de l’autoroute passant 500m en amont. Presque caché par la végétation et la courbure du terrain, il s’aperçoit lorsqu’on regarde vers l’est.

Station thermale et tourisme historique

En contrebas des ponts de la Caille se trouvaient les bains de la Caille et ses sources sulfureuses. Ici, l’eau sort de la roche à 30 degrés avec un débit de 100 litres par minute. Même s’il n’existe pas de preuves que les romains y venaient, il existe des documents attestant de l’exploitation des sources dès le Moyen-âge.

Au 19ème siècle, une voie carrossable mais escarpée et plusieurs bâtiments sont édifiés : hôtel-restaurant de 150 couverts, bâtiment administratif nommé « casino », chapelle, écuries en plus des aménagements thermaux. Pour accéder aux bains de la Caille, il faut alors soit avoir bon pied soit utiliser un char attelé dédié. Les curistes venaient sur place pour des séjours de 21 jours.

Les lieux étaient très prisés jusque dans les années 1930 par les genevois qui ne voulaient pas aller jusqu’à Aix-le-Bains et le tourisme thermal y était réputé. Après la seconde guerre mondiale, les lieux sont progressivement abandonnés et définitivement fermés en 1960. Aujourd’hui partiellement détruits, il est cependant toujours possible d’y accéder en empruntant les sentiers jouxtant les ponts de la Caille.

Parcours découverte au-dessus du vide

Le pont est vertigineux. Désormais interdit à la circulation, il est très agréable de se balader dessus, de regarder le panorama alentours et d’évoluer sur le parcours de découverte prévu de part et d’autres du pont. Côté Annecy, il est possible de s’avancer sur une passerelle skyview en dessous du pont au dessus de l’abîme. Des bancs permettent de profiter du paysage même si le pont Caquot situé sur la droite est bruyant et perturbe l’expérience. Une boutique snack permet de faire quelques emplettes régionales et se désaltérer.

Côté Cruseilles, des panneaux d’information, une agréable zone arborée bien aménagée et de nouveaux des passerelles métalliques au-dessus du vide permettent de se faire peur. Un restaurant complète l’ensemble. Tout est sécurisé mais l’impression de vide est bien présente dès que l’on s’approche du bord et il est déconseillé aux personnes souffrant de vertige de s’engager sur les passerelles.

Que ce soit au milieu du pont, sur le belvédère ou sur les passerelles, la sensation de vide mais aussi le vent sont bien présents. Pour se faire peur lorsque vous êtes au milieu du pont, rappelez-vous que vous marchez sur des planches en bois et jetez donc un œil entre les jointures pour apercevoir l’eau du torrent et les volumineux blocs de pierre… Relevez la tête et profitez-en pour regarder au loin les gorges et observez les oiseaux contre les falaises.

Venir aux Ponts de la Caille depuis Annecy

Venir exprès d’Annecy au pont de la Caille n’est peut-être pas nécessaire si vous êtes en vacances seulement quelques jours. Par contre, sur la route de Genève ou en balade dans les alentours, il serait vraiment dommage de passer à proximité s’en s’arrêter. Surtout un jour de grand beau temps.

En véhicule, il faut sortir d’Annecy en direction de Pringy / Genève et se diriger vers Cruseilles. Vous pouvez soit emprunter l’autoroute A41 (et sortir à Allonzier) soit préférer la départementale. À la sortie d’Allonzier-la-Caille, en direction de Cruseilles, c’est la D1201 qu’il faut emprunter. Il est difficile de se tromper de chemin. Depuis Annecy, il faut une vingtaine de minutes pour accéder au site.

Arrivé en vue du pont, il est possible de se garer de chaque côté mais le parking côté Cruseilles est plus grand. Si vous venez en été l’après-midi, le petit parking côté Allonzier aura plus de chance d’être à l’ombre.

Visiter le pont de la Caille

Le pont de la Caille se visite librement et son accès est gratuit. Une visite expresse prendra une vingtaine de minutes (le temps de traverser le pont). Les piles du pont ne se visitent pas et les escaliers en colimaçons qui permettent d’accéder au sommet sont interdits d’accès.

Il est possible de pique-niquer ou de se restaurer sur place.

Des visites guidées existent à la belle saison. Il faut en faire la demande auprès de l’office de tourisme local. Une salle située sous le pont côté Annecy permet d’accueillir 200 personnes. Elle offre une vue magnifique derrière une verrière proche de la falaise en contrebas.