Entre la place des Romains et le quartier des Fins, au Nord de la vieille ville actuelle d’Annecy, se trouvent des vestiges datant de l’époque romaine. C’est lors des travaux d’urbanisation de la fin du 19ème siècle que de nombreux vestiges archéologiques ont été découverts. Parmi ces témoignages du passé romain de la ville d’Annecy, il y en a un qui est mis en valeur : les thermes de Boutae.
Depuis la place des Romains, en remontant l’Avenue des Romains au numéro 36bis en direction de la rocade, se trouvent d’anciens thermes. Ils sont protégés des intempéries et recouverts d’un bâtiment vitré qui permet de les apercevoir.
Le quartier actuel est occupé depuis le 19ème et surtout depuis le 20ème siècle. Depuis 1970, des fouilles archéologiques sont quasi systématiquement demandées dans le quartier et des vestiges romains sont sortis de terre à – presque – chaque coup de pioche. En effet, la ville de Boutae, qui occupait au moins 26 hectares et était habitée par plus de 2000 habitants était particulièrement dense. Les voies romaines organisaient le plan de ville et les nombreux bâtiments occupaient l’espace restant.
Les Allobroges, défaits par les Romains en -121 puis en -62 avant JC se romanisent. Le vicus (bourg) de Boutae existe depuis l’an 35. Annecy la romaine ne durera même pas 300 ans mais des thermes, des temples, une horloge hydraulique manipulée par un esclave, une basilique avec curie (bâtiment public), un théâtre et des forums témoignent de la forte présence italienne sur ce qui est alors une étape et un carrefour entre Aix-les-Bains, Faverges, Genève et Turin via le col du Petit Saint-Bernard.
Cet emplacement sur une voie stratégique a permis le développement du commerce et la création d’une petite cité sans droit de justice dépendante de Vienne puis de Genève avec ses artisans potiers, boulangers, travailleurs des métaux ainsi que ses marchands, ses riches notables et ses entrepôts. Avec les invasions barbares, le vicus est détruit et les survivants se réfugient vers les hauteurs et particulièrement du côté de la colline d’Annecy-le-Vieux.
Boutae était situé légèrement en hauteur pour éviter d’avoir les pieds dans l’eau lors d’inondation. De forme plus ou moins triangulaire, la cité romaine se situait entre l’avenue des Iles (voie décumane méridionale faisant 9m de large), l’avenue de Genève et le chemin du Bel-Air. Le quadrillage de la ville se composait de voies de 5 mètres de large et de plus petites de 3 mètres de large. Toutes ces routes étaient réalisées à partir de cailloux issus du Fier et pour certaines, équipées de caniveaux de bois.
Dans sa partie Est, la ville de Boutae se trouve le quartier ancien avec des ateliers, le temple dédié à Mercure, un théâtre ainsi qu’un petit forum. Dans la partie Ouest de Boutae, les boutiques et les plus belles constructions sont érigées. Les maisons des commerçants et des artisans font 1 ou 2 étages. Les plus riches peuvent avoir des cours intérieures, de vraies vitres aux fenêtres et des murs décorés par des fresques ou de la mosaïque.
Il n’y a pas d’aqueduc à Boutae, car il y a de l’eau partout et plus de 100 puits ont été recensés par les archéologues. Les thermes romains de Boutae comprennent un gymnase, une chaufferie, un vestiaire et des salles dédiées aux différents bains froids et chauds (frigidarium, tepidarium, caldarium).
En plus de très nombreux accessoires et restes d’outils liés à la vie de tous les jours et aux activités de négoce, les fouilles à Boutae ont permis de découvrir une tête en bronze représentant un magistrat local, un bronze complet d’un éphèbe ainsi qu’une tête de prêtresse en marbre. Environ 400 pièces vraiment intéressantes ont été valorisées et exposées.
Une exposition temporaire dédiée au passé romain d’Annecy (désormais non visible) retrace la vie des habitants de Boutae et met en lumière le travail des scientifiques. L’exposition, qui occupait plusieurs salles du Musée-Château d’Annecy ne se limitait pas à Boutae et présentait des pièces venant de toute l’agglomération annécienne.