Début de l’été à Annecy : des couleurs de carte postale pour le lac
Le lac d’Annecy est très beau et suivant le point de vue, sa couleur varie du bleu profond au turquoise en passant par le vert ou le gris. Proche des rives, l’eau paraît transparente et on voit facilement au travers. Mais suivant les jours où les saisons, la couleur du lac d’Annecy change.
Plusieurs facteurs se conjuguent pour donner à l’eau sa couleur.
Tout d’abord, un peu de physique et d’optique : lorsque la lumière traverse de l’eau, certaines ondes sont absorbées tandis que d’autres sont réfléchies, on parle d’indice de réfraction. Le bleu est réfléchi. L’eau apparaît bleue. Cet effet s’accentue avec la profondeur. Lorsqu’il y a très peu de fond, le spectre des couleurs est très important et presque aucune couleur n’est absorbée : on a l’impression que l’eau est transparente et les couleurs que notre œil distingue sont très proches de la réalité. À mesure que la profondeur augmente, les couleurs sont absorbées. Vert et bleu sont les dernières couleurs visibles, ce sont celles qui restent lorsque la profondeur augmente.
Si la lumière est réfléchie, c’est parce qu’il y a des particules dans l’eau. Ces particules sont parfois invisibles comme lorsqu’on regarde le lac d’Annecy en plein hiver un jour sans vent. À l’inverse, l’eau dans les premiers mètres d’une plage en plein été est particulièrement brassée avec le fond et de très nombreux grains de sable et minéraux, morceaux d’algues ou particules organiques sont en suspension dans l’eau. Tout retombe au sol durant la nuit et au petit matin, l’eau est de nouveau claire. Pour revenir à la couleur de l’eau, la réflexion de la lumière sur ces particules en suspension influe sur la couleur de l’eau. C’est pour ça que l’eau en bordure de plage est beige et trouble.
Des couleurs étonnantes sur un lac d’Annecy agité par une bise soutenue
Les algues, pour certaines microscopiques, jouent un rôle même sans être brassées par les humains qui font trempette. Lorsque les conditions météo sont réunies (température de l’eau, soleil, saison), certaines algues, phytoplanctons et zooplanctons vont se mettre à proliférer et leurs pigments vont colorer le lac : vert et rouge pour certaines cyanobactéries, marron pour certaines diatomées… On le voit par exemple sur le lac du Bourget.
Il y a un autre facteur lié à nos lacs de Savoie : le calcaire présent dans l’eau est très important. Quand il se dissout (précipitation de microcristaux de calcite), il contribue à donner aux lacs cette belle couleur bleu-vert typique. Cet effet est renforcé avec photosynthèse des algues qui augmente le pH et facilite la fixation de calcite sur les particules. C’est particulièrement visible sur le lac d’Aiguebelette dont la couleur passe du gris profond en hiver au vert émeraude à la belle saison.
La couleur de l’eau varie en fonction de la météo. Si le ciel est bleu, le lac paraîtra bleu. Si le temps est à la grisaille, le lac sera, lui aussi, gris. S’il y a eu des orages en amont, les ruisseaux qui se déversent dans le lac charrieront une eau chargée qui se mélangera aux eaux du lac. Et s’il a neigé récemment et que le soleil illumine le paysage ? Et si l’orage gronde ou que souffle la bise ?
En ce matin d’hiver, le lac est particulièrement calme et transparent
La couleur de l’eau varie en fonction du fond. Devant le Pâquier le fond est recouvert de sable alors qu’un peu plus loin en direction de l’Impérial ou des Marquisats des algues peuplent le fond. Ainsi, devant le Pâquier, l’eau est de couleur bleu clair et est très engageante alors qu’à quelques mètres de la plage de l’Impérial, l’eau prend une couleur d’un vert beaucoup plus foncée. Bien noter qu’il y a aussi la profondeur qui joue, mais l’observateur attentif avec un masque et un tuba ou naviguant sur un kayak à fond transparent verra distinctement les algues avant de ne plus distinguer du tout le fond et seulement voir un bleu-vert profond.
On ne peut pas négliger l’impact de la pollution ou les rejets d’eaux salies dans le lac. Le signal d’alarme a été tiré très tôt au lac d’Annecy alors que le Léman et le lac du Bourget se sont penchés plus tard sur le sujet : les eaux usées et les résidus liés à l’agriculture finissaient par se déverser dans les lacs et apportaient beaucoup trop de nutriments aux eaux. Pour le bonheur des algues mais cela entraîne un processus d’eutrophisation dangereux. Les étés, l’eau devenait beaucoup moins transparente. Sans action contre l’eutrophisation, l’eau devient dangereuse pour la flore et la faune historique.
Mesurer la transparence des eaux du lac est alors devenu un indicateur de la bonne santé du lac. Au lac d’Annecy, l’eau est devenue de plus en plus transparente et la biomasse des algues de plus en plus faible. Mais le mieux est l’ennemi du bien et une eau trop transparente n’est pas souhaitable non plus…