Une partie de l’ensemble des Marquisats face au lac
Sur les rives du lac, en sortant de la ville d’Annecy en direction de Sevrier, juste avant la plage des Marquisats se trouve un ensemble tout de verre et de béton brut labellisé 20ème siècle : il s’agit de l’ensemble des Marquisats. Construit en 12 ans durant les 30 Glorieuses, ces différents bâtiments sont réalisés par l’architecte André Wogensky dans le but de compléter l’offre sociale, culturelle et de loisirs de la ville.
C’est au début des années 1960 que la ville d’Annecy achète 12 hectares de terrains situés entre la base nautique et la forêt du Semnoz. C’est à cet endroit que se trouvait le clos Laueffer, sinistrement connu pour avoir été le siège de la milice durant la seconde guerre mondiale. ici, à flanc de montagne, sortiront de terre plusieurs bâtiments tous orientés face au lac et pourvus de large baies vitrées pour profiter du paysage. L’ensemble devait accueillir un foyer de jeunes travailleurs, une MJC (la première de France), un gymnase intérieur et un centre de séjour international. Débutés en 1963, les travaux sont la suite logique d’un élan impulsé dans le quartier par des résistants des Glières autour de l’éducation populaire.
Vue sur le lac depuis une partie des bâtiments de l’ensemble des Marquisats
Vus depuis le lac, les bâtiments ont une apparence brute et donnent l’impression de cubes de béton et de verre empilés les uns par dessus les autres. Cette architecture, inspirée par Le Corbusier, est la réalisation des architectes Wogensky et Louis Miquel. Le premier, architecte humaniste, élève et collaborateur de Le Corbusier, était convaincu que l’architecture avait une influence sur la santé physique et mentale des habitants. Le second, a épaulé, le premier, alors au sommet de sa carrière pour finaliser l’ensemble des Marquisats.
Le béton brut et l’acier donnent un air non finalisé à l’ensemble. C’est mal connaître l’architecture brutaliste : très apprécié des années 1950 aux années 1970, ce style architectural héritier du mouvement moderne se caractérise par des répétitions de formes géométriques anguleuses, une absence d’ornements et de décoration et la place importante du béton à l’état brut. En se baladant dans les bâtiments, les grands espaces et les rampes rappellent que le brutalisme aime à faire voir l’intérieur des locaux, réunir les fonctions tout en délimitant les espaces.
Perspectives, grandes ouvertures et béton brut
Aujourd’hui, les lieux abritent toujours des hébergements pour les étudiants, une école d’art qui a remplacé la MJC en 1993, un restaurant universitaire et un gymnase. Derrière l’école d’Art, le Brise Glace, salle de concert et lieu dédié aux musiques amplifiées est sorti de terre au tournant du siècle et complète l’ensemble. On le doit aux architectes Henri Montulé et Jean-Jacques Salomon.
Plus récemment, la résidence sociale qui avait été modifié dans les années 80 a été rénové et réhabilité afin de mieux coller avec la vision de Wogensky : retour du béton brut, cadres en bois, polychromie sur les façades, mobiles fonctionnel à l’intérieur…
L’ensemble se visite à l’occasion d’événements : le CAUE de Haute-Savoie anime ainsi des visite lors des journées du Patrimoine.
